C’était attendu : la BCE a révisé ce jeudi 6 juin ses taux directeurs : « Le Conseil des gouverneurs a décidé, ce jour, d’abaisser les trois taux d’intérêt directeurs de la BCE de 25 points de base ». Le taux des opérations principales de refinancement passe de 4,00 % à 3,75 %. Il s’agit de la première baisse depuis 2019.
Un petit événement donc qui risque bien d’avoir des conséquences concrètes sur vos projets. On vous explique en détail le cadre dans lequel s’inscrit cette décision et comment cela pourrait impacter les taux immobiliers dans les semaines à venir.
La BCE au centre du jeu
Pour comprendre l’importance des taux directeurs, il faut d’abord rappeler le rôle qu’occupe une banque centrale. Il s’agit d’une institution qui est en charge de gérer la monnaie. C’est elle qui « fabrique » l’argent.
Pour simplifier, elle imprime les billets et frappe les pièces que nous utilisons au quotidien. Dans un pays de la zone euro comme la France, c’est la Banque centrale européenne qui remplit cette mission. Si vous ouvrez votre portefeuille, vous verrez qu’il y a toujours une signature sur vos billets : elle appartient à l’un des quatre présidents qu’a connu la BCE depuis sa création.
Alors, pourquoi la banque centrale ne rend pas tout le monde riche en imprimant plus de billets ? C’est ici toute la subtilité de son exercice. Gérer la fabrication de l’argent, c’est aussi être responsable de la quantité d’argent en circulation, or la quantité d’argent en circulation (ce qu’on appelle la masse monétaire) a un impact direct sur l’évolution des prix, c’est-à-dire sur l’inflation.
L’argent ne se mange pas
Moins une chose est rare, moins celle-ci a de valeur. Quand l’argent est accessible sans limite pour tous, il ne devient utile que pour ce qu’il est : du papier. C’est ainsi qu’au siècle dernier, les Allemands en sont arrivés à brûler leurs billets pour se chauffer…
Sans aller à cet extrême, le robinet de l’argent, souvent appelé « la planche à billets », est l’outil dont dispose une banque centrale pour contrôler la masse monétaire, et donc l’inflation. C’est grâce aux taux directeurs que la pression de ce robinet est ajustée selon les besoins du moment. On parle alors d’une politique monétaire.
La création monétaire
Nous avons vu que la BCE « fabriquait » l’argent. Mais concrètement, comment cela se passe ? L’argent est créé à travers le mécanisme du crédit. Quand une banque classique vous accorde un emprunt de 100 000 €, elle ajoute cet argent sur votre compte. Vous pouvez, à partir de là, en disposer et acheter quelque chose. Autrement dit, vous faites rentrer de l’argent « neuf » dans le circuit économique.
Ces 100 000 € ajoutés par votre banque ne tombent pas du ciel, mais bien du robinet de la BCE. La banque de détail qui vous accorde votre prêt peut ajouter les 100 000 € sur votre compte grâce à un emprunt qu’elle souscrit elle-même à la banque centrale. La banque centrale, c’est la banque des banques.
Comme vous, la banque qui emprunte de l’argent à « sa » banque (centrale) va devoir rembourser la somme accordée, mais aussi payer des intérêts. Et voilà, nous en arrivons à ce fameux taux directeur : c’est le taux auquel la banque centrale distribue son prêt à la banque de détail. C’est pour cela qu’on parle du « coût de l’argent » pour les banques.
Un outil pour combattre l’inflation
Si la banque centrale veut ajouter beaucoup d’argent dans le circuit économique, elle baisse ses taux directeurs. Quand les taux directeurs sont bas, les banques commerciales peuvent en effet se permettre de distribuer des crédits à moindre coût. Il y a donc plus de crédits accordés.
À l’inverse, quand la banque centrale souhaite tempérer l’inflation, comme c’est le cas depuis maintenant deux ans, elle va partiellement fermer le robinet. Pour cela, elle augmente ses taux directeurs. Les banques classiques sont alors contraintes de payer plus pour emprunter. Ce coût supplémentaire se répercute sur leurs taux, notamment pour les crédits immobiliers accordés aux particuliers. Les banques doivent vendre les crédits plus chers pour rester rentables.
Des crédits plus chers, ce sont mécaniquement des crédits moins nombreux, donc moins d’argent « neuf » injecté dans l’économie. Moins d’argent en circulation, c’est de l’argent qui devient plus rare, donc qui a plus de valeur, ce qui limite la hausse des prix, et donc l’inflation.
Si aujourd’hui la BCE réduit légèrement ses taux directeurs, c’est parce qu’elle juge que les perspectives d’inflation se sont améliorées. Avec des taux directeurs plus faibles, c’est à travers le mécanisme que nous avons présenté que nous pouvons espérer, à moyen terme, une baisse indirecte des taux immobiliers proposés aux particuliers. Cela n’a pour autant rien d’automatique et dépendra aussi des politiques commerciales des établissements bancaires.
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