L'Épidémie Tanguy : la génération qui n'arrive pas à quitter le nid

Près de 5 millions d'adultes vivent encore chez leurs parents en France, selon la dernière Enquête nationale Logement (2020). Une étude qui a été exploitée par la fondation Abbé Pierre pour en tirer les enseignements sur l’évolution du nombre de “Tanguy”, une expression populaire introduite par la comédie éponyme d'Etienne Chatiliez, pour parler des adultes vivant encore chez leurs parents.  À travers cette exploitation, on observe une augmentation nette du nombre de jeunes, en hausse de 250 000 personnes par rapport à 2013. Cette réalité est symptomatique de la crise du logement et du manque de logements abordables, en particulier dans les grandes agglomérations où se concentrent les jeunes adultes.

250 000 jeunes supplémentaires chez leurs parents

Pour avoir une vision globale de la répartition en fonction de l’âge des "Tanguy" :

en 2013 :

• 18 - 24 ans : 3 228 958
• 25 - 34 ans : 840 707
• 35 ans et + : 479 000

en 2020 :

• 18 - 24 ans : 3 663 724
• 25 - 34 ans : 871 273
• 35 ans et + : 384 845

Les "Tanguy" sont donc majoritairement, et logiquement, des étudiants. Cependant, on peut aussi observer une baisse des jeunes logeant chez leurs parents au chômage, passant de plus de 867 000 en 2013 à moins de 600 000 en 2020. Un chiffre que la fondation met en lien direct avec la baisse du chômage des jeunes en général sur cette période.

On peut aussi observer que le nombre de "Tanguy" occupant un emploi, n'a, lui, quasiment pas changé.

La fondation Abbé Pierre relève que les enfants du 'Baby boom de l’an 2000” arrivant progressivement à l’âge adulte est la catégorie la plus touchée par les difficultés d'accès au logement. D’autant plus que l’augmentation totale de ce chiffre est due quasiment exclusivement à cette tranche de la population. 

La fondation souligne aussi, que comme le nombre de naissances n’a fait que d’augmenter jusqu’en 2010, le nombre de Tanguy de la catégorie 18 - 24 continuera de s’accroître si rien n’est fait pour améliorer le logement des jeunes.

Dans le même temps, il est aussi intéressant de noter que le nombre de “Tanguy” de 35 ans et + est en diminution.

Les "Tanguy", majoritairement masculins 

L'effet de genre a tendance à se renforcer depuis 2013. En effet, les hommes se trouvent être bien plus nombreux que les femmes à rester chez leurs parents. La fondation Abbé Pierre va même plus loin, en affirmant que la hausse des "Tanguy" enregistrée entre 2013 et 2020 est presque "entièrement due aux hommes ».

Une affirmation qui se renforce quand on se penche sur les chiffres, avec une augmentation de 200 000 "Tanguy" masculins sur la période, tandis que le nombre de jeunes femmes résidant chez leurs parents n'a augmenté que de 50 %. Une statistique qui se renforce avec l’âge, en effet, sseulement 3 % des femmes de 30 ans vivent encore chez leurs parents, contre 13 % des hommes du même âge.. Un chiffre 4 fois supérieur pour les hommes que pour les femmes donc.

Pour ce qui est des pistes évoquées pour expliquer cette différence, la fondation Abbé Pierre avance premièrement que cette différence de décohabitation n'est pas nouvelle. Elle s’expliquerait notamment par :

• La mise en couple plus précoce des jeunes femmes, dans des relations où la femme est en moyenne plus jeune que l’homme ;
• Les études, en effet, l’enseignement supérieur compte plus de femmes (56 %) que d’hommes (46 %).