⏱L'essentiel en quelques mots
La démission est une situation au cours de laquelle un salarié choisit de rompre unilatéralement son contrat de travail. Elle n’implique, de ce fait, généralement aucune indemnisation financière de la part de France Travail, le salarié n’ayant pas été privé involontairement de son emploi. Il existe toutefois certaines situations qui permettent à un démissionnaire de solliciter des indemnités chômage et de bénéficier de l’allocation de retour à l’emploi (ARE) :
- la démission légitime qui ne résulte pas de la seule volonté du salarié. France Travail répertorie 17 situations spécifiques parmi lesquelles un mariage impliquant un changement de lieu de résidence, une victime de violences conjugales ou encore une victime d’actes délictueux au travail ;
- la démission pour reconversion professionnelle ou pour création d’entreprise à condition de remplir certains critères (avoir travaillé pendant au moins 5 ans au préalable et présenter un projet professionnel sérieux et crédible) ;
la démission après réexamen par l’instance paritaire régionale (IPR) lorsqu’une demande d’allocation faisant suite à une démission est refusée par France Travail.
Sommaire
Quels sont les cas pour prétendre au chômage après une démission ?
De nombreuses situations permettent aux personnes se retrouvant sans emploi de bénéficier d’un accompagnement financier pendant cette période délicate (licenciement, congé parental, rupture conventionnelle, etc.). Ce n’est toutefois pas le cas de la démission. Celle-ci résulte en effet d’une initiative personnelle et unilatérale du salarié.
À ce titre, elle n’ouvre généralement pas droit à une indemnisation pécuniaire. La législation a cependant été aménagée ces dernières années pour tenir compte de certaines situations particulières. Les indemnités chômage peuvent ainsi, sous conditions, être sollicitées dans 3 cas spécifiques à savoir :
- la démission légitime ;
- la démission en cas de reconversion professionnelle ou de création d’entreprise ;
- la démission après réexamen par l’instance paritaire régionale (IPR).
Les cas de démission légitime
Certains cas de démission sont reconnus par France Travail comme étant légitimes, et ce qu’il s’agisse d’un motif personnel ou professionnel. Ils sont en effet plus ou moins considérés comme des cas de force majeure, ne résultant pas totalement de la seule volonté du démissionnaire. Ils ouvrent alors droit aux indemnités chômage et notamment à l’allocation de retour à l’emploi (ARE), sous réserve de présenter les différents justificatifs nécessaires s’y rapportant.
Voici un tableau récapitulant les 17 cas de figure pour lesquels la démission est considérée comme légitime ainsi que les pièces justificatives qui doivent être fournies pour en bénéficier :
Situation de démission légitime |
Pièces justificatives à fournir |
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Mariage ou PACS impliquant un changement de lieu de résidence (dans les 2 mois précédant ou suivant l’union) |
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Démission pour suivre son conjoint qui déménage pour un nouvel emploi |
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Clause de couple ou indivisible |
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Mineur qui déménage pour suivre ses parents et doit donc quitter son emploi |
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Personne protégée (placée sous tutelle, curatelle ou sauvegarde de justice) démissionnaire pour suivre son représentant légal (tuteur, curateur, mandataire) |
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Parent d’un enfant handicapé admis dans un centre spécialisé éloigné du lieu de résidence |
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Personne victime de violences conjugales nécessitant un éloignement et donc un déménagement |
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Démission consécutive à un licenciement, une rupture conventionnelle ou une fin de CDD lorsque le nouveau contrat prend fin avant 65 jours travaillés |
Attestation employeur |
Démission après une durée d’affiliation de 3 ans minimum, sans interruption, lorsqu’elle est suivie d’un licenciement avant 65 jours travaillés. |
Attestation employeur |
Création ou reprise d’entreprise s’étant soldée par un échec |
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Salaire non versé par l’employeur en dépit d’une décision de justice |
Toute décision de justice faisant injonction à l’employeur de verser au salarié les sommes dues (ordonnances obligeant l’employeur à verser des provisions sur arriérés de salaire ou créances salariales notamment). |
Victime d’actes délictueux au travail (harcèlement, violences, etc.) |
Copie de plainte ou justificatif de dépôt |
Fin d’un contrat d’insertion par l’activité en vue d’occuper un emploi ou d’entreprendre une action de formation |
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Fin d’un contrat unique d’insertion en vue de débuter un nouvel emploi en CDI ou en CDD de 6 mois minimum ou de s’inscrire à une formation qualifiante |
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Démission pour un contrat de service civique, de volontariat de solidarité internationale ou encore de volontariat associatif (d’un an au minimum) |
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Démission pour un journaliste confronté à des problèmes de conscience professionnelle, de déontologie ou d’orientation politique |
Attestation employeur détaillant les circonstances. |
Démission pour un assistant maternel travaillant pour le compte d’un employeur refusant de procéder aux vaccinations obligatoires des enfants gardés |
Lettre de démission précisant ce motif ou attestation sur l’honneur |
Les démissions en cas de reconversion professionnelle ou création d’entreprise
Depuis novembre 2019 et la loi “démission chômage”, les salariés présentant leur démission afin de s'orienter vers un nouveau projet professionnel peuvent désormais prétendre aux allocations chômage à condition de remplir deux critères particuliers :
- avoir travaillé pour un ou plusieurs employeurs, pendant une durée consécutive d'au moins 5 ans avant la date de leur démission ;
- s'engager dans un processus de reconversion professionnelle impliquant le suivi d'une formation ou l'engagement dans un nouveau projet de création ou de reprise d'entreprise. Ce projet doit être jugé comme sérieux et crédible. Il doit également faire l'objet d'une préparation en amont de la démission notamment via une demande d’avis du conseil en évolution professionnelle (CEP). Le projet de reconversion doit par ailleurs, en dernière instance, être validé par une commission paritaire interprofessionnelle au niveau régional.
Les démissions après réexamen par l’instance paritaire régionale (IPR)
Lorsqu'une demande d'allocation chômage suite à une démission est refusée par France Travail, car n'entrant pas dans les cas d'exception mentionnés plus avant, le démissionnaire a la possibilité de solliciter un recours en demandant une nouvelle étude du dossier par l'instance paritaire régionale (IPR). Celle-ci prend la forme d'un comité mixte regroupant des représentants des syndicats et du patronat.
Pour pouvoir solliciter ce nouvel examen, il faut néanmoins attendre que 121 jours se soient écoulés sans avoir perçu d'allocation chômage. Il faut également apporter à l'IPR des preuves de recherche active d'emploi au cours des quatre derniers mois. En cas de réponse favorable de la commission mixte, l'ARE peut alors être perçue à partir du 5e mois suivant la démission, dans des conditions normales d'indemnisation.
Bon à savoir
La démission d'un contrat à durée déterminée (CDD) n'est pas possible. Pour mettre fin à ce type de contrat à durée limitée, il faut en effet procéder à une rupture anticipée qui n'est possible que sous certaines conditions (accord de l’employeur, faute grave ou faute majeure, inaptitude physique constatée par un médecin, conversion en CDI). Les dispositions concernant les règles d'indemnisation pour une rupture de CDD sont identiques à celles s'appliquant pour un contrat à durée indéterminée (CDI).
Quel est le parcours à suivre pour obtenir le chômage après avoir démissionné ?
Pour bénéficier d'indemnités chômage après une démission légitime, il convient de suivre les étapes suivantes :
- procéder à l'inscription à France Travail au cours des 12 mois à compter de la fin du contrat de travail ou au cours des 6 mois suivant la délivrance de l'attestation de certification du sérieux du projet entrepreneurial ;
- suivre l'entretien obligatoire prévu par France Travail avec un conseiller dédié ;
- attendre le délai de carence prévu par la législation avant le début d'indemnisation. De 7 jours minimum (sauf exception), il peut cependant être plus long selon les situations ;
- mettre à jour sa situation professionnelle en s'actualisant en ligne chaque mois auprès de France Travail. Le type de renseignements à apporter varie selon la situation de l'allocataire (inactivité, formation ou encore création d’entreprise).
Quelles sont les erreurs à éviter lors d'une démission pour ne pas perdre ses droits au chômage ?
Pour bénéficier des indemnités chômage après une démission légitime, il convient de prendre toutes les précautions nécessaires au préalable. Voici quelques erreurs courantes à éviter pour ne pas que le versement de vos allocations soit interrompu :
- attendre trop longtemps avant de s’inscrire à France Travail (12 mois au maximum ou 6 mois après délivrance de l’attestation du sérieux du projet professionnel) ;
- à l’inverse s’inscrire trop tôt et ne pas respecter le délai de carence qui varie selon les cas de figure (7 jours au minimum) ;
- ne pas faire certifier sa formation qualifiante ou son projet professionnel ;
- ne pas s’actualiser chaque mois sur la plateforme de France Travail ;
- ne pas suivre tous les entretiens avec les conseillers France Travail ;
- ne pas pouvoir présenter les preuves d’une recherche active d’emploi ;
- ne pas déclarer une reprise d’activité.
Les types de démissions ouvrant droit à l’ARE |
Les conditions pour bénéficier des indemnités chômage |
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Démission légitime |
Faire partie des 17 situations considérées comme légitimes |
Démission pour reconversion professionnelle ou création d’entreprise |
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Démission après réexamen par l’instance paritaire régionale (IPR) |
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Pour aller plus loin