La santé mentale des Français n’est pas au beau fixe, surtout chez les jeunes. Pour preuve : les arrêts de travail restent nombreux alors que la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 semble derrière nous et que les commerces et entreprises retrouvent un rythme de travail plus classique.
Croissance des arrêts de travail
Les arrêts de travail n’ont pas diminué. À l’inverse, les prestations liées aux arrêts de travail ont atteint 4,2 milliards d’euros en 2021, un volume proche de celui de 2020, selon les relevés du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP). Cet organisme enregistre les chiffres des prévoyances qui financent les indemnités journalières non remboursées par l’Assurance Maladie. Le montant des prestations était passé de 3,7 milliards d’euros en 2019 à 4,3 milliards en 2020 avec la prise en charge des personnes cas contact, des arrêts Covid ou encore des gardes d’enfants (des mineurs de moins de 16 ans). Un chiffre qui aurait dû marquer un retour à la normale en 2021 avec la vaccination, la perte de vitesse de l’épidémie ainsi que l’assouplissement des mesures sanitaires, notamment pour les salariés. Mais la réalité est différente.
La santé mentale des salariés français mise à mal
Les arrêts Covid ont été nombreux au premier trimestre 2021 avant d’opérer une légère diminution, explique le CTIP. Un léger recul qui est loin d’être suffisant pour faire baisser la courbe des arrêts de travail. Le collectif d’institution de prévoyance a ainsi confirmé la croissance anormale des arrêts maladie chez les moins de 45 ans. En cause ? Des problèmes liés à leur santé mentale. Les arrêts pour problèmes de santé physique sont plus fréquents chez les personnes de plus de 55 ans. L’augmentation du nombre d’arrêts maladie chez les jeunes provient généralement de maladies liées à des problèmes psychologiques. « Une hypothèse qui reste à expertiser », commente avec précaution Marie-Laure Dreyfus, déléguée générale du collectif CTIP.
La piste du surmenage au travail
Les traumatismes dus au Covid ne sont probablement pas étrangers à la dégradation de la santé mentale des jeunes. Toutefois, l’hypothèse du surmenage au travail ou « burn out » pourrait aussi être explorée. Avec un rythme de travail chamboulé par la crise et l’instauration de nouvelles conditions de travail, le milieu professionnel est un suspect idéal pour justifier de la hausse des arrêts maladie chez les moins de 45 ans. Une souffrance qui est la conséquence « de rapports sociaux entre salariés ou avec la hiérarchie stressants, de mauvaises conditions de travail, d’une insécurité sur notre futur ou encore d’un manque de reconnaissance du travail », explique Daphnée Breton, psychologue du travail. La situation est difficilement vivable quand il y a un déséquilibre entre les moyens donnés aux salariés et la reconnaissance qui lui est attribuée. La réalité impose aux personnes entre 20 et 40 ans de faire face à des conditions de travail parfois instables qui les obligent à s’adapter ou à changer d’emploi involontairement. Selon la psychologue, la crise sanitaire a permis de soulever la problématique du bien-être au travail. Cette vague d’arrêts pourrait s’installer dans le temps. « Nous n’avons pas l’impression que la courbe fléchit même s’il est trop tôt pour l’estimer », ajoute Marie-Laure Dreyfus.
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