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DPE : remise en question de la méthode de calcul

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DPE : remise en question de la méthode de calcul

Le Conseil d'analyse économique (CAE), rattaché au cabinet du Premier ministre, a dévoilé ce mercredi 10 janvier les résultats d'une étude sur la performance énergétique des logements, utilisant les données bancaires du Crédit Mutuel Alliance fédérale. En analysant les factures de gaz et d'électricité de 178 110 clients, dont 40 000 en maison individuelle et 140 000 en appartement, l'étude vise à confronter les fourchettes de consommation théoriques du diagnostic de performance énergétique (DPE) aux réalités de la consommation des ménages.

Mise à nu de l'écart entre théorie et pratique

Le diagnostic de performance énergétique (DPE), crucial pour promouvoir la rénovation domiciliaire, incite les propriétaires à moderniser leurs logements. Requis dans toutes les transactions immobilières, il évalue la consommation d'énergie. Une étude récente du Conseil d'analyse économique et du Crédit Mutuel Alliance fédérale, basée sur des données bancaires et portant sur 178 110 ménages, révèle une conclusion surprenante : habiter un logement bien noté induit une réduction de la consommation d'énergie moins importante que prévu. Les habitants de passoires thermiques consomment seulement le double de gaz et d'électricité par rapport à ceux des biens classés A ou B, divergeant considérablement des résultats théoriques du DPE.

« Cette recherche établit un lien entre les caractéristiques des ménages, celles du logement et les dépenses énergétiques. Aucune étude de cette envergure n'a été réalisée depuis l'introduction du DPE nouvelle formule en 2021 », a souligné Gabrielle Fack, professeur à l'université Paris Dauphine , membre du CAE et co-auteur du rapport qu’Empruntis a pu consulter.                               Consommation d’énergie primaire par m². Source : Conseil d’analyse économique. Janvier 2024

Les résultats, quant à eux, réservent des surprises. Entre les logements classés A ou B (les moins énergivores) et les passoires thermiques classées G, la hausse réelle de consommation s'élève à 86% (110 % en logement collectif et 27 % en individuel). Une différence significative par rapport aux 560% calculés théoriquement par le DPE. Cette disparité s'explique en grande partie par le comportement des ménages, qui influence les résultats. Les occupants de biens classés A, B ou C ont tendance à consommer davantage qu'en théorie, alors que ceux des biens classés F ou G adoptent une attitude plus sobre pour éviter des factures excessives.

DPE et grands logements : une évaluation moins précise

Plus surprenant encore, le reste de l'écart découle d'erreurs techniques du DPE. La méthode de calcul 3CL, en vigueur depuis 2021 pour évaluer la consommation conventionnelle des logements, présente des lacunes selon le Conseil d'analyse économique. Elle surestime la performance thermique des isolants en négligeant la détérioration de leur qualité au fil du temps. Par ailleurs, les propriétaires peuvent inciter les professionnels à réaliser des diagnostics complaisants, attribuant des notes surestimées.

De manière plus inattendue, le CAE souligne les "erreurs d'appariement" dans les logements collectifs, où un DPE réalisé peut être associé à un autre appartement de l'immeuble.

Enfin, les imprécisions liées au DPE augmentent proportionnellement à la taille du logement. Alors que, selon le CAE, les écarts de consommation énergétique entre les biens classés A ou B d'un côté, et ceux notés G de l'autre, sont moins marqués pour les logements plus vastes, ces nuances ne sont pas reflétées dans les estimations des DPE. Le CAE souligne que la capacité des grandes surfaces à retenir la chaleur, également appelée inertie thermique, contribue à atténuer une partie de l'écart de consommation lié à l'étiquette énergétique. De plus, les occupants de ces logements, conscients du coût accru du confort énergétique, adoptent des comportements économes, contribuant ainsi à lisser les écarts de consommation.                                     Consommation d’énergie primaire réelle par m². Source : Conseil d’analyse économique. Janvier 2024

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